L’illustrateur-poète hausse l’éloge de l’enfance — secrets, peurs et émerveillements — à un corps à corps avec la peinture dans la peinture. Son propre regard croise celui, enchanté, perturbé parfois, du spectateur qui partage ces agapes de pins gemmés de lumière, de sable et d’eau, dans l’éternité de l’instant.
Dans les merveilleux albums de Max, destinés aux enfants et qui font le bonheur de leurs parents, l’image, au service du texte, connecte le jeune lecteur avec lui même. Elle éclaire le texte pour l’enfant fâché avec les mots et les lettres. Toutefois, le désir de peindre certains lieux prévaut parfois, et l’aisance du faire suscite certaines bifurcations de l’histoire, dans ce cas au service de la peinture.
Vous n’ignorez pas que tout comme les bamboches de Teniers le Jeune, les arcachonnades de Max Ducos échappent à leur catégorie. Les Bordelais, épris du «Bassin», positionnés sur ses bords, et les intrus, venus dérober pour quelques heures sa lumière et son souffle, sont charmés par ses toiles. Le «Bassin», générique, de Max Ducos communique avec les eaux mères qui portent et relient au dedans de nous-mêmes, la solitude, les chagrins, les dé s, les éblouissements de l’enfant que nous fûmes et qui demeure en nous.
De fait, la typographie paradisiaque, inlassablement revisitée, est le prétexte d’une exploration méthodique, humble, obstinée, des moyens propres de la peinture, de la couleur et du trait. Hormis les expéditions fréquentes à la rencontre de son jeune public, qu’il respecte et intègre dans son univers plastique à la faveur de projets partagés qui vivi ent son inspiration, il travail, parfois nuit et jour, dans son atelier exposé à la lumière du nord, laquelle ne ment pas. La toile, privée des jeux de lumières, est livrée à l’enchantement du pinceau du peintre, seul maître à bord.
Chaque tableau est une fenêtre ouverte sur un paysage ou des référents familiers : le canapé bleu, la table verte, les statuettes de papier mâché du peintre bordelais François- Maurice Roganeau, la tête de terre cuite, le pot du gemmeur recon guré en épure par un
designer avec son bouquet de crayons de couleurs. Ces référents familiers — y compris les tableaux achevés et réintroduits en abîme dans un nouveau tableau — sont saisis à neuf par le regard, et suscitent chaque fois une expérience plastique inédite. Cette connaissance intime du sujet, loin d’être un obstacle, n’est pas une source d’affadissement du désir du peintre, et moins encore de l’oeuvre ; bien au contraire elle facilite la découverte formelle et l’inscription d’un regard singulier dans la composition, la couleur et le trait, au delà de la dimension narrative. Ce regard singulier, quoique instruit par l’expérience des maîtres qu’il estime et honore à l’occasion, est le sien, celui de Max Ducos, qui n’est ni Matisse, ni Picasso mais accueille le vivant, ici et maintenant dans l’éternité de l’instant. L’accident, compris en ce qu’il donne des nouvelles de l’autre, fait irruption dans son espace physique et mental, qu’il recycle dans sa peinture, tentant de conserver à cet intrus, sa capacité native à questionner, à faire lever la pâte de l’oeuvre en cours.
Nulle ostentation, nul volontarisme, dans cette quête de la peinture, qui l’habite, gure son espace intérieur et scande le temps que la vie lui impartit. Cette scansion privilégiée prend la forme de l’autoportrait du jeudi, tel celui du 9 novembre dernier1 présent dans l’exposition de la Galerie MLS. Capter l’instant dans le re et mouvant de son visage dans le miroir, sa surprise et son incrédulité, qui est la nôtre aussi, d’être vraiment lui, vraiment là en cet instant, le relie aux plus grands maîtres de l’autoportrait : Rembrandt, Chardin. L’autoportrait sera désormais, tels jadis dans l’histoire de la peinture, le sablier de verre avec l’échiquier, le bouquet fané, la statuette de terre cuite, pour Max Ducos la gure et le rempart fragile de l’écoulement inéluctable de la vie, invitant au renoncement ou à l’hédonisme, l’hédonisme étant lui même un renoncement à la plainte et au regret de ne pas vivre éternellement. Max Ducos renonce à ces accessoires «de théâtre» hormis la tendresse de son pinceau pour le glaïeul et le mimosa.
Au-delà de l’autoportrait, levé désormais chaque semaine tel un courrier à la poste, chacun de ses tableaux est repère, grain de sable, cailloux minuscule sur la trajectoire du temps.
La dune, modelée inlassablement par la lumière et le vent, n’est-elle pas le sablier de Max ? Un sablier géant portant et effaçant les pas des petits bonhommes qui la gravissent. La dune, elle-même bâtée de lumière, ombre-soleil et nuit de nacre bleue, changeante selon que nous la regardons avec la forêt dans les yeux ou l’éclat de l’eau lisse.
Dans les merveilleux albums de Max, destinés aux enfants et qui font le bonheur de leurs parents, l’image, au service du texte, connecte le jeune lecteur avec lui même. Elle éclaire le texte pour l’enfant fâché avec les mots et les lettres. Toutefois, le désir de peindre certains lieux prévaut parfois, et l’aisance du faire suscite certaines bifurcations de l’histoire, dans ce cas au service de la peinture.
Vous n’ignorez pas que tout comme les bamboches de Teniers le Jeune, les arcachonnades de Max Ducos échappent à leur catégorie. Les Bordelais, épris du «Bassin», positionnés sur ses bords, et les intrus, venus dérober pour quelques heures sa lumière et son souffle, sont charmés par ses toiles. Le «Bassin», générique, de Max Ducos communique avec les eaux mères qui portent et relient au dedans de nous-mêmes, la solitude, les chagrins, les dé s, les éblouissements de l’enfant que nous fûmes et qui demeure en nous.
De fait, la typographie paradisiaque, inlassablement revisitée, est le prétexte d’une exploration méthodique, humble, obstinée, des moyens propres de la peinture, de la couleur et du trait. Hormis les expéditions fréquentes à la rencontre de son jeune public, qu’il respecte et intègre dans son univers plastique à la faveur de projets partagés qui vivi ent son inspiration, il travail, parfois nuit et jour, dans son atelier exposé à la lumière du nord, laquelle ne ment pas. La toile, privée des jeux de lumières, est livrée à l’enchantement du pinceau du peintre, seul maître à bord.
Chaque tableau est une fenêtre ouverte sur un paysage ou des référents familiers : le canapé bleu, la table verte, les statuettes de papier mâché du peintre bordelais François- Maurice Roganeau, la tête de terre cuite, le pot du gemmeur recon guré en épure par un
designer avec son bouquet de crayons de couleurs. Ces référents familiers — y compris les tableaux achevés et réintroduits en abîme dans un nouveau tableau — sont saisis à neuf par le regard, et suscitent chaque fois une expérience plastique inédite. Cette connaissance intime du sujet, loin d’être un obstacle, n’est pas une source d’affadissement du désir du peintre, et moins encore de l’oeuvre ; bien au contraire elle facilite la découverte formelle et l’inscription d’un regard singulier dans la composition, la couleur et le trait, au delà de la dimension narrative. Ce regard singulier, quoique instruit par l’expérience des maîtres qu’il estime et honore à l’occasion, est le sien, celui de Max Ducos, qui n’est ni Matisse, ni Picasso mais accueille le vivant, ici et maintenant dans l’éternité de l’instant. L’accident, compris en ce qu’il donne des nouvelles de l’autre, fait irruption dans son espace physique et mental, qu’il recycle dans sa peinture, tentant de conserver à cet intrus, sa capacité native à questionner, à faire lever la pâte de l’oeuvre en cours.
Nulle ostentation, nul volontarisme, dans cette quête de la peinture, qui l’habite, gure son espace intérieur et scande le temps que la vie lui impartit. Cette scansion privilégiée prend la forme de l’autoportrait du jeudi, tel celui du 9 novembre dernier1 présent dans l’exposition de la Galerie MLS. Capter l’instant dans le re et mouvant de son visage dans le miroir, sa surprise et son incrédulité, qui est la nôtre aussi, d’être vraiment lui, vraiment là en cet instant, le relie aux plus grands maîtres de l’autoportrait : Rembrandt, Chardin. L’autoportrait sera désormais, tels jadis dans l’histoire de la peinture, le sablier de verre avec l’échiquier, le bouquet fané, la statuette de terre cuite, pour Max Ducos la gure et le rempart fragile de l’écoulement inéluctable de la vie, invitant au renoncement ou à l’hédonisme, l’hédonisme étant lui même un renoncement à la plainte et au regret de ne pas vivre éternellement. Max Ducos renonce à ces accessoires «de théâtre» hormis la tendresse de son pinceau pour le glaïeul et le mimosa.
Au-delà de l’autoportrait, levé désormais chaque semaine tel un courrier à la poste, chacun de ses tableaux est repère, grain de sable, cailloux minuscule sur la trajectoire du temps.
La dune, modelée inlassablement par la lumière et le vent, n’est-elle pas le sablier de Max ? Un sablier géant portant et effaçant les pas des petits bonhommes qui la gravissent. La dune, elle-même bâtée de lumière, ombre-soleil et nuit de nacre bleue, changeante selon que nous la regardons avec la forêt dans les yeux ou l’éclat de l’eau lisse.
- Marie-Lys SINGARAVÉLOU, le 23/11/2017